Biographie
Notre démarche artistique explore les limites des structures sociales et politiques en y répondant par l’absurde. On dit absurde ce qui est contraire à la raison, ce qui s’oppose à la logique. On dit absurde ce qui n’a pas de sens, ce qui n’a pas de fin (dans le sens de finalité). C’est de cette notion dont s’emparent nos pièces. Comment qualifier une société qui se nourrit d’inégalités, de consommation effrénée, de structures défaillantes et d’illusions, autrement que d’absurde ? À travers notre travail du verre soufflé, nous exprimons notre passion pour l’objet détourné dans le but de souligner les incongruités du système sociétal dans lequel nous vivons. Notre incompréhension face à certains fonctionnements politiques, sociaux, économiques ou environnementaux nourrit notre création. En réaction à cet état de fait, nos objets sont dépourvus de toute ambition pratique ! C’est pour échapper à ces non-sens que l’idée de la dérision s’est imposée comme essentielle. Dans nos pièces, l’utilitaire est évincé, l’objet n’a plus de sens : il n’est ni utile, ni lisible selon les codes de la consommation. De plus, l’objet se joue de nos perceptions, il trouble et questionne. Notre série “Artefact monarchique” trompe les sens pour les réveiller. L'œil est baladé tant les pièces n’ont ni début, ni fin.
Avec chacune de nos séries, s’ouvrent des questions : que sont ces objets-sculptures sans dessus-dessous ? Peut-être que la réponse importe peu. Peut-être aussi que ce qui compte vraiment est de faire l'expérience sensorielle de la question…
Par cette absurdité revendiquée, nous remettons en question les principes fondateurs de notre société: peut-on interagir avec des objets qui n’ont pas d’utilité pratique et, se faisant, pas de valeur marchande ? Quel autre monde l’art peut-il aider à penser ? Tout dans notre démarche renvoie à ces questions, jusqu’à notre couleur signature, le orange. Utilisé dans les espaces publics à travers le monde pour signaler un obstacle ou un danger, ce orange est caractéristique d’une zone de travaux, de turbulences de l’espace partagé. C’est bien ainsi que nous concevons notre travail artistique: turbulent et matière à penser un monde plus doux.