Le MUMAQ révèle l’histoire des métiers d’art!
Texte par Yves Testet I
MONTRÉAL
Le MUMAQ, le Musée des métiers d’art du Québec est maintenant ré-ouvert. Sa nouvelle exposition permanente Objets témoins: une histoire des métiers d’art du Québec propose un panorama des métiers d’art du Québec, de la Nouvelle France à aujourd’hui, comme jamais montré auparavant.
Pour Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications du Québec, l’exposition permanente est la signature d’un musée, porteuse de sa mission et de sa notoriété : « Une exposition permanente est, en quelque sorte, la signature d’un musée, une réalisation phare qui met en valeur sa collection et sa mission. C’est en découvrant le travail accompli par des institutions comme celles-ci que nous constatons que les établissements du Québec ont acquis une excellente expertise qui se compare avec celle des grands musées du monde. » Pour Perrette Subtil, directrice générale du MUMAQ, la nouvelle exposition permanente du MUMAQ marque un vrai renouveau qui témoigne de l’importance des métiers d’art et de toutes les artisanes, artisans et artistes qui ont contribué, à leur manière, à façonner l’histoire du Québec.
Plus de 200 objets sélectionnés de la riche collection du musée racontent l’histoire des métiers d’art du Québec de façon chronologique, à travers sept périodes clés.
La première période, intitulée Colonie et conquête couvre les années 1534 à 1850, est celle de l’établissement le long du Saint-Laurent et dans les principales villes. L’architecture ecclésiastique et l’ornementation des églises sont des secteurs de production majeurs pour les artisans : l’église, par son décor, doit exprimer la splendeur d’une dévotion sans faille. Ainsi, de nombreux artisans étaient chargés de sculpter, peindre et orner le bâtiment, mais aussi de créer les objets nécessaires aux rites religieux.
L’Industrialisation, des années 1850 à 1920, représente la deuxième période du parcours muséal. C'est une période de grands changements, comme en éducation. Les religieuses mettent en place des cours afin que les filles puissent produire les articles nécessaires au ménage. L’expansion du territoire, avec la colonisation de régions plus éloignées du fleuve (Abitibi, Laurentides, Côte-Nord, etc.) crée une forte demande pour la construction, les outils, etc. C'est aussi le temps de grandes constructions institutionnelles où les artisans trouvent à s'occuper et à s'épanouir.
Deux îlots s’intéressent à la Modernité, de 1920 à 1960. C’est la période d'après-guerre et de crise économique où il faut produire des biens, faisant ainsi intervenir tous les domaines des métiers d’art. C’est l'époque du Refus global et de l'exploration de nouvelles formes et de nouveaux matériaux. C’est aussi la naissance de l'automatisme, mais aussi du design aux lignes épurées permettant une certaine production en série, mais aussi la recherche de modèles qui passeront l'épreuve du temps.
La Révolution tranquille est la cinquième période de l’exposition, de 1960 à 1980, avec l'expérimentation et l'exploration des formes et des matières. Expo 67 sera pour beaucoup d'artisans québécois une découverte du monde et de ses possibilités et leur donnera des ailes. Tous les grands chantiers et les grands évènements internationaux offrent de nouvelles perspectives aux artisans qui diversifient leur pratique passant de production d'objets utilitaires à des œuvres s'intégrant à l'architecture. C'est le début de l'utilisation officielle du terme métier d'art au Québec! Avec les grands chantiers d'envergures comme la Place des Arts (1963), le métro de Montréal (1967) et les jeux Olympiques (1976), le gouvernement met en place des programmes incitant les constructeurs à travailler avec les artisans.
La Postmodernité, 5e îlot de cette présentation, occupe les années 1980 -2000 qui sont caractérisées par le début de la mondialisation. Les technologies et l'automatisation, rendues possibles par le développement du design, apportent de nouveaux biens de consommation provenant d'ailleurs à meilleur prix que ce qui se fait ici et en plus grande quantité. Les artisans de métier d'art aspirent à une reconnaissance et un statut au même titre que les artistes en art visuel. Ainsi naissent une politique culturelle québécoise et, quelques années plus tard, la définition formelle des métiers d'art et la loi sur le statut professionnel des artisans en métier d'art. Tout cela mènera à la refonte des programmes d'enseignement au niveau des techniques en métiers d'art au Cégep et le développement d'école-ateliers permettant une formation complète de la relève. De l'objet fait main fonctionnel, on arrive de plus en plus à un développement d'un statut artistique et à l'art conceptuel.
Enfin, la 7e période, qui va des années 2000 à nos jours, où des mélanges de matériaux se manifestent par une qualité accrue des productions en métier d'art. Les programmes de formation et les écoles ateliers comptant désormais plus de 20 ans d'existence et une certaine stabilité permettant de se concentrer sur le développement des apprentissages et des techniques. C’est le retour vers le fait soi-même et vers de nouvelles formes de commercialisation et de mise en marché ouvrant un marché beaucoup plus large que celui de la simple boutique ayant pignon sur rue. Les artisans sont plus créatifs que jamais, et le mélange des techniques, des matériaux et des styles sont en ébullition…
Voilà pour un aperçu de cette histoire des métiers d’art du Québec…. Nous vous attendons maintenant pour visiter cette exposition captivante et pour vous laisser envelopper par l’expérience d’un lieu unique à Montréal et au Québec. Il y a des trésors trop méconnus qui ne demandent qu’à être révélés, pour les curieux, les amateurs de culture et de patrimoine, et pour tous ceux qui ont à cœur de découvrir comment les métiers d’art façonnent l’histoire du Québec et tous les grands noms qui les ont marqué. Une histoire humaine vivante et intemporelle qui continue de s’inventer!
À propos du Musée des métiers d’art du Québec
Situé dans un lieu emblématique exceptionnel, dans l’arrondissement de St-Laurent, le Musée des métiers d’art du Québec est le seul dont le mandat est entièrement consacré à la préservation et la valorisation des objets de métiers d’art anciens et contemporains. Pour leur rendre hommage et pour révéler ce trésor au plus grand nombre, l’institution a opéré une transformation identitaire indispensable. Avec authenticité et audace elle affirme l’ambition légitime de faire de ce musée un lieu unique pour tous les insatiables de culture, pour les amateurs de patrimoine, de savoir-faire et de créativité et pour la communauté des métiers d’art en général.
MUMAQ, 615 avenue Sainte-Croix, Montréal, ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h.
Réservation : www.mumaq.com - Informations : 514 747-7367 - info@mumaq.com