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L'exploration de l'émerveillement - Portrait Judith Dubord
Entrevue CMAQ > Portrait de Judith Dubord
Photos > Maighan Gagnon
CHAUDIÈRE-APPALACHES
Depuis toujours, Judith Dubord est fascinée par l’idée de transformer un matériau informe en un objet concret et pérenne. Le chemin qui l’a menée vers le façonnage de la terre, tout comme celui de la transformation du sable en verre, remonte à sa tendre enfance. Elle se souvient d’un après-midi passé avec sa mère à façonner des objets en pâte à sel. « J’étais fascinée de voir que quelque chose de mou entre mes mains pouvait devenir solide et exister en le cuisant. » C’est cet émerveillement allié à un amour profond pour les savoir-faire qui l’a menée au travail du verre et, quelques années plus tard, à celui de l’argile.
Ce que la céramiste verrière aime dans le mélange des matières, c’est qu’elles ont chacune un langage propre. Et ce langage diffère selon les gens à qui l’on parle. Pour elle, l’argile c’est l’enracinement et l’intime. Le verre, lui, est volubile et joyeux. « Je les combine pour enrichir la lecture que je fais de l’œuvre sur laquelle je travaille. Métisser les matières est une façon pour moi d’ajouter des mots à mon vocabulaire artistique. »
Au fils des ans, la signature métiers d’art de Judith a évolué. « Les couleurs vibrantes ont toujours été très présentes dans ma vie en général et encore plus dans mon travail. J’ai toujours irrémédiablement penché du côté de la joie et de la lumière. Aujourd’hui j’assume de plus en plus mon côté bling-bling exubérant et mon intérêt pour l’hétéroclisme. Je dirais que ma signature s’est bonifiée. Là où d’autres simplifient, moi j’ai densifié. »
Montréal - Saint-Jean-Port-Joli
Au fil de ses multiples explorations, la céramiste verrière installée dans la région de Chaudière-Appalaches, se laisse inspirer par la nature qui propulse son art plus loin que l’unique mariage des matières. « Je suis un pur produit de la ville! Je suis originaire de Montréal, de LaSalle plus précisément. Depuis 2006, j’habite à Saint-Jean-Port-Joli. Je suis une très grande fan des végétaux et des fleurs en particulier! Si elles avaient un fan-club j’en serais assurément la présidente! Je les observe beaucoup, comment elles poussent, s’organisent, comment elles envahissent un espace, comment elles cohabitent. Leur géométrie, leurs couleurs, les lignes et les courbes qui les composent, tout cela est très présent dans ma tête et par conséquent dans mon travail. »
Le chemin de la gloire
Sa quête de connaissances et de perfectionnement perpétuels l’amène à ne pas se confiner à une pensée esthétique. « Aujourd’hui, ce qui me motive, c’est le droit que je m’octroie d’aller toujours plus loin, de ne pas m’imposer de limite. J’aime comprendre comment faire les choses, d’où elles viennent et comment les appliquer à ma pratique. C’est une très grande source de motivation dans mon travail. Je suis passionnée par le travail de production utilitaire. Je travaille de plus en plus par petites et moyennes séries, ce qui me permet de me réinventer constamment et j’adore ça! »
Un petit côté techno
En écho à son travail personnel pour l’avancement de sa démarche, Judith suit plusieurs formations au CMAQ, dont une qui a rassasié son côté techno : Mes réseaux, mes ventes. Elle en tire deux grandes leçons. La première est celle de prendre le temps d’être présente sur les réseaux sociaux et de ne pas en avoir peur : « Utiliser les plateformes ça s’apprend, mais avant tout il faut dégager du temps dans son horaire pour préparer une publication. » La seconde est celle de ne pas sous-estimer la valeur « marketing » des tâches que l’on accomplit au quotidien. « Les gens aiment voir ce qui se passe dans l’atelier et ça devient de la matière ultra pertinente à publier. »
Pour l’artisane, la technologie a un grand impact dans sa pratique. « Je travaille beaucoup avec mon ordinateur pour concevoir mes images pour mes décalques et mes sérigraphies. Les outils technologiques me permettent aussi d’entrer facilement et efficacement en contact avec ma clientèle cible, à moindre coût. Au-delà des aspects négatifs que l’on prête aux réseaux sociaux, un point positif majeur est de donner un accès facile au marché. »
Une curiosité qui rapporte
Toutes les formations auxquelles Judith s’inscrit lui servent un jour ou l’autre. « Elles deviennent des solutions qui « poppent » quand j’ai un problème à résoudre. » Elle ne perçoit plus les réseaux sociaux comme une corvée insurmontable mais bien comme un outil de diffusion ultra pertinent. Et tout s’apprend. « Il ne faut pas craindre d’essayer de nouveaux outils de travail, de nouvelles manières de faire. L’ouverture d’esprit est un « master key » qui permet d’ouvrir beaucoup de portes. Je suis régulièrement des formations justement pour garder actif ce bouillonnement d’idées dans ma tête. »
Une transmission innovante des savoir-faire
Enseignante à la MMAQ depuis 4 ans, Judith aime sortir des sentiers battus lorsqu’elle donne les cours de Traitement de surface. « J’ai toujours pensé que l’humour et l’auto-dérision étaient des outils d’enseignement géniaux. Ça réduit la distance et la théorie apprise s’ancre bien dans la mémoire avec une touche ludique. On dit que pour savoir où l’on va, il faut connaître d’où l’on vient. Par conséquent j’essaie de faire des ponts entre les techniques traditionnelles et les techniques actuelles. Ce qui est important pour moi, c’est de présenter toutes les techniques sur un même pied d’égalité pour éliminer la hiérarchisation entre celles-ci. »
Conjuguer futur et métiers d’art au présent
À travers l’enseignement, Judith réfléchit aux changements qui se produisent et à l’évolution des métiers d’art. « La relève est très curieuse et le fait qu’elle ait accès à une source quasi inépuisable d’informations et d’inspirations grâce à Internet, leur permet d’envisager les métiers d’art d’un point de vue différent de celui des générations précédentes. Ils sont ultra présents sur les réseaux sociaux et comprennent très bien comment ça fonctionne la mise en marché! On a beaucoup à apprendre d’eux en les observant… Je visite les pages de plusieurs jeunes artistes et je prends des notes… »
Le développement professionnel en métiers d'art au CMAQ
Par son programme de formation continue, le CMAQ soutient les artisans professionnels et les travailleurs culturels en métiers d'art de toutes les régions du Québec dans le développement de compétences en création, en techniques de métiers, en gestion et en diffusion/commercialisation, soit l’ensemble de compétences qui sont nécessaires à la pratique professionnelle. Il collabore avec des partenaires, les écoles en métiers d’art afin de répondre aux besoins exprimés par le milieu. . Restez à l'affût de l'offre de formations du CMAQ en vous abonnant à l'infolettre mensuelle.